Au collège et au lycée, le harcèlement laisse des traces et certaines victimes mettent beaucoup de temps à s’en remettre. D’autres n’en guérissent jamais. La personne qui va témoigner aujourd’hui a beaucoup perdu confiance en elle à cause de la méchanceté de ses anciens camarades de classe, mais a pourtant choisi de répondre anonymement à nos questions aujourd’hui afin de libérer la parole des victimes. Dans cette interview, il prendra le nom de Mr S.
Toombow Kids : Bonjour Mr S. Nous trouvons votre démarche très courageuse et nous sommes sûrs que vous allez aider beaucoup de personnes. Quand avez-vous été harcelé pour la première fois ?
Mr S : Bonjour. Merci c’est gentil, j’espère oui ! C’était en sixième, à mon entrée au collège.
Toombow Kids : D’accord. Qu’est-ce que vos harceleurs vous faisaient subir ?
Mr S : Ils se moquaient de mon poids et me mettaient beaucoup à part. Comme j’étais très naïf, ils me faisaient croire que je pouvais rejoindre leur groupe, mais c’était pour mieux me lyncher derrière. Quelques fois, j’ai aussi reçu des coups.
Toombow Kids : On est soulagés que tout aille bien aujourd’hui. Comment réagissiez-vous dans ces moments-là ?
Mr S : Je le prenais à cœur, je me renfermais sur moi-même sur le moment, et après, encore plus avec l’accumulation. C’est là que j’ai découvert la force des mots. Ça m’a beaucoup affecté et ça m’a amené à m’isoler, même en terminale alors que ça allait mieux.
Toombow Kids : À l’époque, aviez-vous conscience que vous subissiez du harcèlement ?
Mr S : Non, je ne connaissais même pas ce mot ! Je pensais que tous les nouveaux avaient le droit à ça. Ce n’est qu’à la fin de la cinquième que je me suis rendu compte que ce n’était pas normal.
Toombow Kids : Il devrait y avoir plus de sensibilisation. Comment êtes-vous sorti du harcèlement ?
Mr S : En première, mon père a découvert que quelque chose n’allait pas. Il m’a emmené voir un psychologue pendant un an et ça m’a beaucoup aidé à mieux comprendre tout ce qui m’était arrivé. Après, je me suis rendu compte qu’il y avait des choses que même un psy ne pouvait pas régler et j’ai travaillé sur moi pour ne plus me laisser faire.
Toombow Kids : Cela a mis du temps, ça a dû être dur. Quels conseils donneriez-vous aux enfants victimes de harcèlement ?
Mr S : D’en parler simplement. Moi c’est la plus grosse erreur que j’ai faite. Même quand je rentrais avec un œil au beurre noir, je trouvais des excuses pour que mes parents ne soient pas au courant. J’aurais dû en parler plus tôt. Ça a trop duré et c’est allé trop loin. Il ne faut pas minimiser le harcèlement, ça part de petites choses et ça prend de l’ampleur.
Toombow Kids : Vous n’avez pas à vous en vouloir, ce n’était pas de votre faute. Merci et nous souhaitons que votre témoignage donnera de l’espoir aux victimes.