Viktor, le destin d’un enfant russe

Viktor, le destin d'un enfant russe
Toombow Kids

Quand il se balade dans la rue avec ses écouteurs et la musique à fond dans ses oreilles, Viktor semble être le plus heureux des passants. Pourtant, à tout juste 21 ans, l’adolescent revient de loin : né dans les terres éloignées de la Russie et devenu vite orphelin, Viktor a eu la chance d’être adopté et vit désormais dans le bonheur avec ses parents et sa petite sœur. Itinéraire d’un garçon attachant qui a retrouvé la joie de vivre après avoir connu des malheurs et s’est confié à Toombow Kids.

Viktorovitch Koulibaba est né le 20 avril 2002 en Russie dans la ville de Magadan. Dès la naissance, il est malheureusement atteint du syndrome de l’alcoolisation fœtal dû à l’alcoolisme de sa mère biologique qui a beaucoup bu pendant sa grossesse, ce qui entraîne chez lui des troubles cognitifs. Il n’a aucun souvenir de son père qui a quitté le foyer alors qu’il était tout petit, et c’est sa mère seule qui s’est occupée de lui ainsi que sa sœur de 2 ans sa cadette, Lisa. Une petite enfance que Viktorovitch passe dans une grande précarité dans un appartement où sa mère se droguait régulièrement et pouvait l’enfermer pendant des heures dans un placard dans le noir si elle était en colère après lui. Des sévices psychologiques qui durèrent jusqu’au 25 décembre 2007, date à laquelle les services de l’enfance, alertés par le comportement de sa mère, prirent la décision de placer Viktorovitch et sa sœur dans l’orphelinat de Moscou. Le garçon n’avait que 5 ans mais il se souvient avec précision de son arrivée là-bas et revoit “un très grand sapin au milieu du hall avec à côté un grand canapé bleu”. Entre ces murs, Viktor nous révèle avoir vécu ses premiers moments de bonheur. Il trouvait gentil le personnel qui s’occupait de lui, jouait souvent à des jeux de société, lisait beaucoup mais il restait quand même assez isolé des autres enfants et passait beaucoup de temps à s’occuper de sa sœur. Cependant, c’est en 2009 que son destin va être bouleversé car c’est cette année-là que ceux qui allaient devenir ses nouveaux parents voyagèrent de la France vers la Russie pour chercher un enfant à adopter. Et ce fameux jour est resté gravé à jamais dans sa mémoire.

“Je me rappelle qu’il y avait un couple qui était venu à l’orphelinat et qui regardait tous les enfants. Moi j’étais timide, je me suis mis à l’écart tout seul et je me suis caché avec un journal. Après ils sont venus vers moi et ils ont dit à un monsieur de l’orphelinat “Nous voulons prendre ce garçon derrière son journal”. Ils ont appris que j’avais une sœur et c’est comme ça qu’ils nous ont adopté. Au début, ça m’a fait bizarre mais après, ça a été un grand soulagement d’avoir des parents qui m’aiment, me soutiennent et veulent que j’aie un avenir stable.”

À son arrivée en France, Viktorovitch, dont le nom était désormais “Viktor”, fut effrayé car il ne possédait aucun repère et ne connaissait ni le pays, ni la langue. Ainsi, pour communiquer avec lui au départ, ses parents ont trouvé un système : ils lui donnaient une feuille sur laquelle il devait dessiner une tête de bonhomme heureux, triste, en colère ou autre en fonction des émotions qu’il ressentait. De plus, dès que lui et sa sœur furent installés dans leur nouvelle maison, leur mère leur donna des cours à la maison en insistant sur l’apprentissage de la langue française. Au commencement, Viktor, qui restait traumatisé par son passé, ne parlait que très rarement. À partir de ses 10 ans, il commença à libérer sa parole et réalisa aussi d’immenses progrès avec l’aide d’orthophonistes.

À propos de ses parents, Viktor ne cesse de tarir d’éloges : “ouverts”, “courtois”, “gentils”, “travailleurs”, “courageux”, autant de mots qu’il utilise pour les décrire, l’air ému. Ces derniers l’ont toujours soutenu dans ses études alors qu’il devait souvent faire face à la méchanceté des autres élèves.

“Au lycée, certaines personnes se moquaient de moi parce que j’étais “différent”. J’ai été trop gentil avec des gens qui voulaient juste profiter de moi. Depuis mes 18 ans, j’ai beaucoup évolué, j’ai appris les dangers et je fais plus attention. Grâce à mes parents, je me sens plus courageux et travailleur. “

Viktor s’est accroché jusqu’à l’obtention de son CAP petite enfance et son travail actuel d’aide soignant à domicile dont il est très fier.

“Je m’occupe d’un monsieur, je l’aide à s’habiller, je fais son lit, son petit-déjeuner, ses courses, je parle avec lui. J’aime beaucoup mon travail parce que depuis que je suis tout petit, j’ai toujours aimé aider les gens. Je suis très à l’écoute.”

À côté de cela, Viktor a de nombreuses passions telles que faire du sport, regarder les films Marvel, écouter la musique des vieux chanteurs français… Parmi eux, il a même une idole : Claude François. Le jeune homme est une véritable encyclopédie française vivante à son sujet et connaît tous les détails de son histoire. “S’il était vivant aujourd’hui, Claude François aurait 84 ans !” nous affirme-t-il avec le sourire.

Comme lui, il chante et écrit ses propres chansons. Il se montre aussi très fier quand il évoque une dédicace authentique du chanteur qu’il a reçu d’un proche qui l’a côtoyé. D’ailleurs, il est impatient d’avoir le cadeau d’anniversaire que son père lui avait promis : passer une journée dans l’ancienne villa de Claude François. Une chose est sûre, le passionné sera dans son élément !

Depuis son adoption, Viktor accumule les moments de bonheur. Son plus beau souvenir depuis qu’il est arrivé en France ? Viktor est très clair, il s’agit de la première fois où il est allé à l’école ! Une chose dont il était impatient puisqu’il n’avait jamais eu l’occasion de s’y rendre en Russie.

Avec le recul, le jeune homme souhaite passer un message aux lecteurs de Toombow Kids :

“Je veux dire bonne chance aux enfants orphelins. Quand vous êtes adopté, c’est super, profitez-en pour progresser dans le métier que vous voulez. Et ceux qui s’occupent des enfants orphelins, protégez-les et nourrissez-les bien comme il faut pour leur donner une chance de réussir dans la vie.”

Des paroles pleines d’empathie venant de Viktor qui est passé de la froideur de la solitude en Russie à la chaleur réconfortante d’un foyer en France et qui sait mieux que personne à quel point avoir une famille qui l’aime est le plus précieux des trésors.

Petit Nounours
Salut écoute, moi c'est le petit Nounours qui a perdu sa maman, à présent j'ai grandi. Cette rubrique, je l'ai créée pour toi qui vit à l'orphelinat. Ne baisse pas les bras, sache qu’on peut toujours s'en sortir et que quelque part dans les étoiles, il y a une petite lumière qui veille sur toi. Alors garde toujours espoir, n'abandonne jamais. Et moi Nounours, je suis aussi là pour toi.