Jérémie, le parcours d’un orphelin à la rue qui veut s’en sortir

Jérémie, le parcours d’un orphelin à la rue qui veut s’en sortir
Toombow Kids

Nous sommes en plein cœur de la période hivernale, et plus que jamais, les personnes sans domicile fixe vivent dans des conditions difficiles. Parmi elles, Toombow Kids a rencontré Jérémie Pierre, un jeune homme de 22 ans à l’histoire pas comme les autres. Alors qu’il n’était qu’un garçonnet, ce dernier fut adopté en Roumanie et s’en alla vivre en France. Afin de partager son vécu aux jeunes enfants orphelins et pour faire entendre au monde le cri de son cœur, Jérémie a souhaité témoigner dans Toombow Kids qui laisse la parole aux enfants à travers le monde. Voici son histoire.

C’est le 24 août 2000 que le petit Zsolti, qui sera baptisé plus tard Jérémie, vient au monde en Roumanie. Au bout d’une semaine seulement, ses parents font le choix de le placer dans un hôpital pour nourrissons où il restera pendant un an. À ce moment-là déjà, les quelques flashs de mémoire qui reviennent à Jérémie lui rappellent qu’il se sentait abandonné. Nouveau-né très faible, il se laissait presque mourir et n’aurait jamais pu survivre sans le soutien assidu des médecins. Entre sa première et sa deuxième année de vie, le garçon est placé dans l’orphelinat de la ville d’Oradea-Bihor avec son frère aîné, lui aussi abandonné. Dans ce grand pavillon où seules des dames travaillaient, Jérémie se trouvait aux côtés d’une dizaine d’autres enfants orphelins. De cette période, le jeune homme garde de tendres souvenirs :

“Je me souviens que j’étais toujours apprécié des dames. J’étais bien là-bas, je me sentais aimé.”

À ses deux ans enfin, l’avenir s’est illuminé pour Jérémie. Tels des anges tombés du ciel, un couple de Français en visite à l’orphelinat décidèrent d’adopter Jérémie et son frère et de les ramener en France en région parisienne. C’est à ce moment que le jeune Zsolti fut rebaptisé “Jérémie” tandis que son frère prit le nom de “Corentin”. Jérémie vit une enfance paisible, mais il n’a jamais été un grand adepte de l’école. C’est pourquoi il fait le choix d’arrêter ses études à la fin de sa troisième à 14 ans pour effectuer un CAP mécanique avant de se réorienter par la suite vers un CAP cuisine. À 15 ans, après le divorce de ses parents, la situation personnelle de l’adolescent s’envenime. Sa relation avec son père devient très conflictuelle, à tel point qu’ils ne se voient plus, tandis que sa mère lui reproche de plus en plus ses écarts et ses bêtises, jusqu’au point de rupture à ses 18 ans où elle décide de le mettre à la rue. À partir de là, commence un nouveau mode de vie pour lui, celui de la survie. Jérémie cherche au jour le jour de quoi manger en faisant la manche et en attendant la nourriture apportée par certaines associations humanitaires. Il est contraint de changer fréquemment de lieu pour dormir en fonction des intempéries. Parfois, il est hébergé pendant quelques jours chez des amis, mais la plupart du temps, il dort dans des parkings, cages d’escalier et autres endroits qu’il arrive à trouver. Souvent, il doit se confronter au regard des gens :

“Des fois, sans même qu’ils parlent, je sens que les personnes me dévisagent. Ça se voit à leur manière de me regarder. Ils se disent “Va travailler!” ou alors ils me jugent.”

Pendant longtemps, Jérémie s’est renfermé sur lui-même et a trouvé du réconfort dans la consommation d’alcool, qui est devenu pour lui une addiction. Heureusement, il a réalisé depuis peu que ce n’était pas une solution à ses problèmes et fait tout pour sortir de cette maladie. Son exutoire, c’est le rap. Il écrit chacun de ses textes en s’inspirant de son vécu, et comme il l’affirme, cela a sur lui l’effet d’une véritable thérapie. Il souhaite poursuivre cette passion et pourquoi pas même se représenter sur scène dans le futur pendant son temps libre. Avec le recul, il a beaucoup réfléchi à son passé et souhaite adresser un message aux enfants qui ont été adoptés :

“Je vous soutiens à 100 % et je suis de tout cœur avec vous. La vie ne tient qu’à un fil, vous avez eu la chance d’être adoptés et il ne faut pas la gâcher. Saisissez-vous de toutes les occasions et battez-vous pour vous en sortir !”

Jérémie songe de plus en plus au futur et il nous a confié son plus grand rêve : fonder une famille, profiter de la vie et devenir chef cuisinier. De plus, il a en tête un objectif qui lui tient à cœur : quand il aura les moyens plus tard, il souhaite retourner sur les traces de son passé et suivre le chemin vers ses racines. À sa naissance, il sait de source sûre que ses parents biologiques lui ont remis une lettre avec un message écrit en roumain qui lui était adressé et qui comprenait leur nom ainsi que ceux de ses six autres frères et sœurs dont il ignore tout. Hélas, son grand-frère qu’il connaît a perdu le papier en question, mais cela ne l’empêche pas de garder l’espoir de pouvoir un jour retrouver ses parents biologiques.

Toute l’équipe de Toombow Kids espère de tout cœur qu’un jour se fassent ces belles retrouvailles, alors n’hésitez pas à partager cet article autour de vous pour que sa portée dépasse les frontières et arrive jusqu’aux oreilles de la Roumanie. Qui sait, peut-être que la sincérité de Jérémie, la magie de Toombow Kids et votre entraide parviendront à porter leurs fruits.

Petit Nounours
Salut écoute, moi c'est le petit Nounours qui a perdu sa maman, à présent j'ai grandi. Cette rubrique, je l'ai créée pour toi qui vit à l'orphelinat. Ne baisse pas les bras, sache qu’on peut toujours s'en sortir et que quelque part dans les étoiles, il y a une petite lumière qui veille sur toi. Alors garde toujours espoir, n'abandonne jamais. Et moi Nounours, je suis aussi là pour toi.