Dans le doux tourbillon de la vie quotidienne, Anne Lelabousse, une mère dévouée de 50 ans, jongle entre deux mondes — celui enchanté de Disneyland, où elle danse en tant que mascotte deux jours par semaine, et celui apaisant de l’infirmière plusieurs soirs par semaine. Elle a façonné son emploi du temps pour mieux prendre soin de ses enfants, parmi lesquels Thomas, 24 ans, et Emma, 13 ans, sont atteints d’un handicap. Des handicaps qui hélas, dans une France où les enfants sont peu voire pas protégés, vont être la cible de moqueries. Anne partage avec émotion les hauts et les bas de ce voyage difficile.
Son fils, le pétillant Thomas, est porteur d’une maladie génétique rare, une trisomie du chromosome 17 qui s’est manifestée sous forme d’autisme. Thomas a traversé des moments compliqués, notamment la maltraitance subie pendant son temps en Institut Médico-Éducatif par le personnel soignant. À l’âge de 12 ans, un groupe d’enfants dans le parc de jeu où il était lui ont même jeté des pierres sous prétexte qu’il était petit. Les cicatrices invisibles d’une époque troublée persistent, mais sa bienveillance reste inébranlable. À côté de lui, sa sœur Emma, une jeune artiste de 13 ans atteinte d’une autre forme d’autisme, apporte une touche de créativité dans le monde de la famille. Elle dessine avec une précision étonnante et se plonge avec beaucoup de cœur dans des aventures de comédie musicale et de cinéma en participant à plusieurs castings. Mais même au milieu de sa brillance artistique, les nuages sombres du harcèlement obscurcissent son ciel. En effet, elle subit régulièrement des moqueries de la part de ses camarades de classe et même de la part de ses professeurs. Complexée par le fait d’être placée dans une classe à dispositif ULIS (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire), elle essaye de tout faire pour que les personnes qui l’entourent ne soient pas au courant de cette situation. Un comportement qui ne plaît pas à l’une de ses professeurs qui fait tout pour mettre l’adolescente dans des situations humiliantes où elle est mal à l’aise et qui la place en position de faiblesse par rapport aux autres élèves. Placée face à des épreuves qui défient son innocence naturelle, Emma s’est renfermée peu à peu et fait moins confiance aux gens.
Anne, armée de détermination, a porté ces fardeaux avec un mélange de tristesse et de résilience. Elle a témoigné du harcèlement cruel que ses enfants ont subi, a créé une pétition pour Thomas, et a courageusement pris la parole à de nombreuses reprises auprès du proviseur d’Emma pour mettre en place des dispositifs afin de protéger sa fille contre ces actes de méchanceté.
À l’école, le casque antibruit d’Emma, destiné à apaiser son monde intérieur, a par exemple fait l’objet de moqueries lorsque l’un des anciens instituteurs de son école l’avait mis sur sa tête et avait pris une photo de lui qu’il avait envoyé à tous ses collègues. Un acte cruel quand on sait à quel point cela est blessant pour Emma. Pourtant, malgré toutes ses plaintes, les établissements restent toujours sourds, manquent de fermeté, et les professeurs et les élèves harceleurs, comme s’ils étaient doués d’une immunité, continuent de sévir. Face à cela, Anne reste consternée.
“J’ai l’impression que les parents des enfants qui harcèlent ne veulent pas reconnaître que leurs enfants pratiquent le harcèlement. Il y a tellement d’injustice. Un exemple : des élèves se sont moqués de mon premier fils Nicolas en l’appelant le mouton pendant toute une année, tellement qu’il a demandé à ce qu’on lui coupe les cheveux. Lui, un jour, a réagi en insultant l’un de ses harceleurs et il s’est fait punir alors que ses harceleurs ne l’ont jamais été. Ou alors la dernière fois, des filles ont dit à ma fille Emma qu’elle n’était pas coiffée alors qu’elle avait passé une heure à le faire. Les gens ne sont pas dans l’empathie. Les parents ont une grosse part de responsabilité dans ces actes, c’est à eux d’éduquer leurs enfants pour ne pas qu’ils se conduisent comme des harceleurs. Si on pouvait s’aider les uns les autres, ce serait plus simple !”
Au-delà des épreuves, Thomas et Emma éclairent la vie quotidienne d’Anne de leur lumière unique. Thomas, espiègle et drôle, trouve toujours le moyen de plaisanter tandis qu’Emma, spontanée et naturelle, séduit les directeurs de casting. Cette année, elle a fait notamment 10 jours de tournage pour la septième saison de la série Sam ou encore de la figuration pour le film Jeanne du Barry avec Maïwenn et Johnny Depp. En tout cas, Anne est loin d’avoir dit son dernier mot et continuera à dénoncer haut et fort les dysfonctionnements des établissements scolaires qui ne prennent pas les mesures nécessaires pour protéger les élèves du harcèlement.